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Histoire du quartier des Capucins et récits de migration : rendez-vous à Domodossola

08 juin 2025

4 minutes

Le vendredi 13 juin à 21h15 dans les installations sportives du quartier Cappuccina à Domodossola, dans la province de Verbano Cusio Ossola, l’essai « Centro Opere Cappuccina : la fin d’un rêve ? (1953-2025) », écrit par Antonio et Luca Ciurleo, des journalistes établis qui ont enquêté sur l’histoire de ce quartier de Domodossola né de migrations internes italiennes, en particulier d’une forte communauté calabraise.

Italea Piemonte a accordé un parrainage gratuit à l’initiative à haute valeur culturelle car, en plus de mettre l’accent sur le thème de la migration interne italienne, c’est-à-dire du sud vers le nord à la recherche de meilleures conditions de vie et de travail et de leur difficile intégration socioculturelle médiatisée par le Père Michel-Ange, un frère capucin, elle aborde également un autre thème très intéressant et peu connu : L’histoire des enfants cachés.

Pour mieux comprendre et approfondir ces histoires incroyables où des enfants italiens en Suisse ont vécu emprisonnés dans de petits ravins et taudis sans jamais avoir à quitter les lieux de refuge, il faut retracer l’histoire de l’émigration italienne en Suisse.

Dès 1870, les Italiens ont commencé à rejoindre massivement la Confédération suisse pour les travaux du tunnel ferroviaire du Saint-Gothard et depuis lors, ils ont influencé la société suisse comme aucun autre groupe d’immigrants. Le pic de cette migration a eu lieu entre 1960 et 1980 et environ 5 millions d’Italiens vivaient et travaillaient en Suisse.

C’est dans ce contexte qu’est inséré le fameux « Statut du travailleur saisonnier », cet acte juridique a été introduit en Suisse en 1934 et établit que les entreprises peuvent embaucher de la main-d « œuvre étrangère pour la saison et qu » à la fin de celle-ci cette main-d « œuvre doit retourner dans son pays de résidence. Pendant leur séjour en Suisse, ces travailleurs n’ont pas le droit de changer d’emploi ou de domicile, ni d » être rejoints par leur famille. Un travailleur saisonnier peut rester en Suisse pour une durée maximale de 9 mois.

Les travailleurs saisonniers vivaient dans des cabanes en bois insalubres loin des centres habités, travaillant souvent 50 heures par semaine sinon plus pour gagner en moyenne, soit 15 % de moins que leurs collègues suisses. Le phénomène des travailleurs saisonniers touche principalement les hommes, mais de nombreuses femmes ont également travaillé en Suisse en tant que travailleuses saisonnières, principalement dans le secteur alimentaire ou textile.

Le phénomène du travail saisonnier a même, à plusieurs reprises, été limité par les partis d’extrême droite et en 1970 il y a eu la fameuse initiative Schwarzenbach qui prônait une réduction de la population étrangère à 10 % (heureusement elle n’a pas été mise en œuvre) qui risquait de provoquer le départ d’environ 300 mille étrangers !

Un effet direct de la politique migratoire suisse de 1900 et du statut du travailleur saisonnier est le phénomène des enfants cachés. Des enfants arrivés illégalement en Suisse et contraints de vivre cachés chez eux pendant des mois et des années, dans l’espoir souvent vain d’obtenir une autorisation de séjour et dans la peur bien réelle d « être découverts et renvoyés de l’autre côté de la frontière. Il y en a environ 5 000, selon des sources faisant autorité, mais jusqu » à 15 000 si l’on compte aussi ceux d’autres pays comme l’Espagne et le Portugal, entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et les années 1970. Certains de ces enfants sont arrivés en Suisse cachés dans le capot d’une voiture.

En 1990, Neuchâtel a été le premier canton à admettre à l « école les enfants sans permis de séjour régulier. Ce n’est qu’avec la Convention relative aux droits de l’enfant, signée par la Suisse en 1997, que les enfants en situation irrégulière ont également obtenu le droit de fréquenter l » école suisse.

En 2022, le Statut Saisonnier est définitivement aboli et ceux venant de l’Union Européenne bénéficient de la liberté de circulation.

Pour ceux qui souhaitent en savoir plus sur ce sujet, nous recommandons vivement la lecture de la bande dessinée «  Celeste, bambina scosta  » de Pierdomenico Bortune et Cecilia Bozzoli, un ouvrage promu par les Comités de Berne et soutenu par l’Ambassade d’Italie à Berne et le Ministère des affaires étrangères et de la coopération internationale (MAECI).

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